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entre les cils de leurs yeux brouillés, après un soir de mauvaise conduite.

Mais il est une autre heure, de nuance, plus délicatement fugitive, que seuls connaissent les Parisiens raffinés, lorsque la ville claire déjà du jour naissant reste cependant endormie encore.

Au courant de l’eau, par la large trouée de la Seine, arrive des champs un fleuve d’air pur ; et, de chaque côté des quais, les maisons et les édifices, nets derrière un voile de brume légère flottent dans un vague mirage. Vision doucement féerique, qui, tout à l’heure, sur un grincement de volets, un tic-tac de pas, un roulement de voiture maraichère, va disparaître pour faire place au Paris réel.

Rien de charmant alors comme de s’égarer par le réseau des petites rues soit bourgeoises, soit ouvrières.

Quelle solitude, et quel vacarme !… Non, jamais au fond des bois, près de la source où se querellent pour boire les fauvettes et les linots, jamais à l’affût matinal, posant mes gluaux malgré garde-champêtre et gendarmes, je n’entendis pareille musique d’oiseaux chanteurs. De l’entresol au toit, sur l’appui de toutes les fenêtres des cages ramagent, se répondent. Du haut des gouttières, le grand peuple des moineaux libres mêle ses pépiements au concert. Chez le fruitier voisin un coq fanfare la diane. Et nul bruit