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vers la trame confuse de tant d’alliances superposées, le trait distinctif de la race.

Une fois la chose trouvée, le reste va tout seul : il ne s’agit plus que de souligner ce trait, en l’exagérant s’il le faut, de façon à lui donner toute sa valeur pittoresque et caractéristique. Un rien suffit à cela : nœud de ruban posé à point, ou touffe de cheveux judicieusement ramenée.

Et quels triomphes, cher ami ! Telle, qui toute sa vie s’est crue laide, s’en va de chez moi étonnée en marchant de répandre autour d’elle une atmosphère d’énigmatiques séductions. Le métier, à vrai dire, m’amuse : — « Attention, que tirer de ceci ? Des cheveux durs et drus, des sourcils noirs, un profil brusque. Bon ! ce sera une Agrippine. » Et désormais l’Agrippine que j’ai inventée fera naître dans le cœur des hommes un amour mêlé de terreur. Ah ! tu rencontres tous les jours des femmes dont le seul aspect évoque en toi on ne sait quels vagues et lointains souvenirs de rêve. C’est une vision d’Orient à l’occasion d’un œil bistré, c’est tout le sanglant et voluptueux quinzième siècle sur la lèvre rouge d’une courtisane qui pourrait être Impéria. Et tu crois que cela se fait tout seul ? Ingrat Sans moi pourtant, sans l’arrangement cherché et décidé, tu n’aurais remarqué ni l’œil bistré ni la lèvre rouge… Mais onze heures sonnent, je te quitte, viens me voir à mon atelier, je t’expliquerai mieux tout cela. »