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Dianie me dit encore, lorsque nous fûmes dans sa chambre : « N’est-ce pas que l’heure est heureuse ? N’est-ce pas qu’il ferait doux mourir ? » Dianie, décidément, avait de singulières idées ! Un rossignol chantait ; et, tout au bout du jardin, le va-et-vient des flots s’engouffrant dans un creux de roche mettait, par-dessus le grand bruit de la mer continu et doux, un roucoulement de colombes.

Je n’avais nulle envie de mourir. Je répondis oui sans conviction, m’étant fait ce principe de ne jamais contrarier les femmes.

Puis je m’endormis, car à la fin je m’endormis ! mais honorablement, après avoir contemplé un espace de temps convenable Dianie qui, souriante et parlant toujours de mort dans l’amour, avait fermé ses yeux la première.

Tout de suite je rêvai de Dianie. Un rêve étrange, un long voyage fait côte à côte dans de lointains pays du Nord, avec des collines, des champs couverts de neige tiède et rose et, malgré que le ciel fût bleu, des flocons non pas blancs ni froids, mais tièdes et roses qui tombaient. Cette neige rose exhalait une odeur de fleurs pénétrante, et j’en étais comme enivré. Enfin, pris d’insurmontable fatigue, je m’asseyais à la croix d’un chemin ; et, la neige tombant toujours ; dans une sensation d’angoisse délicieuse, je savais que j’allais mourir, que