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Ça devait être ça, Adalgise ! Et distinctement il la voyait, les jambes roses, presque nue, dansant, dansant, devant l’infortuné Jean-de-Dieu.

Telle encore Salomé devant Hérode ! Puisqu’elle avait séduit Hérode, roi des Juifs, à plus forte raison devait-elle séduire un peintre.

Les souvenirs revenaient en foule à l’abbé Lèbre. Peut-être aussi Adalgise ressemblait-elle à cette reine de Saba, dont le fantôme faillit triompher de saint Antoine. — « Si pourtant elle te tentait, toi aussi ? Peux-tu te promettre, simple curé, de mieux résister que le Saint ! »

Et l’abbé Lèbre devenait perplexe ; l’abbé Lèbre éprouvait comme une envie de fuir.

Le sentiment du devoir l’emporta : — « J’anéantirai l’idole de chair. Oui ! fut-elle plus attirante et plus parée que Salomé ou la Reine de Saba, je triompherai d’Adalgise ; seulement, il faut que Dieu me prête un peu d’aide… » disait le bon abbé en serrant sa canne de voyage, que, par prudence, il avait gardée.

Et pour remonter son courage, avant d’engager la bataille, l’abbé Lèbre entra dans une église et pria :

Il est prêt maintenant l’abbé Lèbre, et l’idole de chair n’a qu’à bien se tenir !

Voici la maison. L’abbé Lèbre sonne. Une petite vieille dame, d’âge plus que canonique ; mais agréable encore sous les cheveux blancs,