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gner au Mont-Dore une maladie bizarre, très à la mode cette année-là, inventée récemment par un médecin de génie.

Et le bon abbé, la tête pleine de visions naïvement orgiaques, se représentait Jean-de-Dieu passant ses nuits et brûlant sa vie dans toutes sortes de lieux de perdition. Les verres tintaient, le champagne coulait, et Adalgise la danseuse menait la danse.

— « Mais, je la verrai, cette Adalgise, je lui parlerai, j’arracherai Jean de ses griffes ! »

Aussi, une fois arrivé à l’hôtel du Bon Fabuliste, l’abbé prit-il à peine le temps de brosser sa soutane et d’avaler un bouillon dans une salle à manger claire, luisante et blanche comme une sacristie, à côté d’un évêque in partibus dont la belle barbe l’intimida : puis, renseigné par le garçon, il se dirigea vers le logis de Jean-de-Dieu.

Chemin faisant, l’abbé se demandait :

— « Comment peut bien être cette Adalgise ? »

Tout jeune, avant d’entrer au séminaire, on l’avait mené au théâtre, une fois. Il se rappelait le ballet : une belle fille, les jambes roses, presque nue, avec un léger jupon blanc qui tourbillonnait, tourbillonnait. De grands yeux noirs, la bouche rouge, des diamants dans les cheveux et des diamants au corsage, elle dansait en souriant. Un jeune seigneur, attiré par elle, se laissait conduire aux abîmes.