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joyeux, l’abbé Lèbre, du legs inespéré qui allait enfin lui permettre de renouveler ses ornements d’autel, ses vêtements sacerdotaux qu’il ne mettait plus sans rougir tant leur état était misérable, et de remplacer par une cloche neuve, bien tintante, dans la cage de fer qui surmonte le vieux clocher, celle que la foudre venait de fêler au dernier orage.

Mais cette joie légitime et sainte s’était presque aussitôt — l’abbé se le reprochait — nuancée de joie plus profane à l’idée que des achats aussi considérables le mettaient dans la nécessité de faire un voyage à Paris et de confier pour quelques jours le soin de ses messes à son collègue le plus voisin.

Pourtant, malgré une légère inquiétude de conscience, sa satisfaction eût été complète de le connaître enfin ce Paris dont il cherchait depuis un quart d’heure à démêler au loin, à travers la portière, les lignes noyées de brouillard, et d’aller courir, l’argent à la main, les magasins du quartier Saint-Sulpice éblouissants de brocart et d’or, si à cette agréable mission ne s’en était pas jointe une seconde, scabreuse, que l’abbé s’était lui-même donnée.

L’abbé Lèbre possédait à Paris un frère, son aîné de quatre ou cinq ans. Ce frère était peintre. Vous n’êtes pas, d’ailleurs, sans avoir entendu parler de Jean-de-Dieu Lèbre, et sans connaître, au moins par les reproductions, le