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ne me crée pas de bien gênantes réciprocités. Un peu chasseur, un peu pêcheur, je coupe mes foins, ce qui sent bon ! j’engrange mes blés, je bois le vin pur de ma vigne, et cela dure depuis dix ans.

— Mais la musique ?

— La musique ! fit Marc-Antoine, légèrement embarrassé, on ne l’a certes pas abandonnée… J’ai des tas de mélodies en portefeuille, le projet de plusieurs grands ouvrages, tu verras… Rien d’achevé pourtant… Entre nous, il me manque je ne sais quoi, le coup de fouet, et ce diable d’air parisien grisant comme un verre de clairet. Mais ta présence m’a secoué, parole d’honneur ! et dès demain, je vais m’y remettre. »

S’y remettre ? Pauvre Marc-Antoine !

Tout à coup, un coup de heurtoir, le pas d’une servante qui s’empresse sous le vestibule, le bruit d’une porte ouverte doucement et discrètement refermée.

— « Ma femme !… » dit Marc-Antoine en me présentant à une avenante personne qui entrait précédée de deux bébés, superbes dans leur déguisement de marins pour rire, avec des joues couleur de pomme et des mollets bruns égratignés.

— « Monsieur dîne avec nous aujourd’hui ?

— Aujourd’hui et demain, et tout le temps qu’il restera ici. »

Marc-Antoine était dans la joie, Mme Marc-