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rien ne vaut, disait-il, le noble état d’éborgneux de colimaçons. »

Et, joignant l’exemple au précepte, consciencieusement, il éborgnait d’innombrables colimaçons avec sa pioche.

La Feuilleaume disait encore :

— « Je crois que j’ai retrouvé ma jeunesse. »

Or, cette jeunesse retrouvée se résumait pour lui dans la grassouillette personne de mademoiselle Nyssia, aimable enfant qu’à son teint mat et velouté comme la fleur des passeroses, on eût cru née aux pays andalous, sous les arceaux découpés en trèfle de quelque mauresque Alhambra, mais qui se révélait d’origine plutôt montmartroise, par son goût pour l’absinthe au sucre et sa façon d’interpréter le répertoire du Chat-Noir.

Conquise d’ailleurs à la nature grâce aux leçons de La Feuilleaume, Nyssia désormais ne voulait plus connaître d’autres joies que d’enfoncer le fin talon de ses bottines dans le sable tiède des buttes ou dans les mousses mordorées dont s’ouatent les sentiers sous bois, toujours riante, jamais lasse, ne boudant pas même aux cailloux ; et c’étaient à travers futaies et taillis, sous la voûte des allées ombreuses, de vagabondes promenades invariablement terminées par la découverte de quelque étang tout frissonnant de libellules, égayé sur ses bords du reflet pourpre des iris, constellé plus loin