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J’aurais dû me tenir tranquille et rester le plus longtemps possible l’heureuse dupe que j’étais. Mais la curiosité, mère de tous les maux, l’emporta. Je voulus savoir dans quel dessein Annette et Claire s’entendaient pour se jouer de moi d’une façon d’ailleurs agréable. Je voulus savoir, faute énorme !

Interrogées, elles avouèrent : Annette en pleurnichant un peu, comme il convenait, et Claire en éclatant de rire, que, parties sans un liard de leur village et trop pauvres tout d’abord pour mener le train qu’elles rêvaient, ne pouvant avoir ni deux appartements ni deux bonnes, et possédant à peine assez de toilettes et de bijoux pour qu’une en fût décemment parée, elles avaient résolu le problème et s’étaient arrangées, grâce à une ressemblance bien naturelle entre cousines — elles juraient n’être que cousines — pour paraître riches un jour sur deux et marcher dans la vie avec des airs de gloire.

Puis, l’heure de sortir étant venue, on n’avait plus besoin de se cacher de moi maintenant, je vis Claire couvrir ses joues du blanc et du rose d’Annette, tandis qu’Annette, lavée à l’eau pure, se coiffait du foulard de Claire.

Vous les avez d’ailleurs connues sous leur transformation dernière. Qui ne se rappelle, il y a cinq ou six ans, ces deux inséparables sœurs, l’une brune comme la nuit, l’autre