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d’une de celles qu’elle avait chéries et chantées, les comparant à la pomme laissée sur l’arbre, à l’hyacinthe des prairies Anactoria la Milésienne, Mnasidice, Gongyla, Gyrinna, Ennice, et cette volage Atthis immortelle pour avoir mérité le reproche si doux et quasi-maternel :

« Voilà donc la femme qui t’a charmée, ô Atthis, une petite paysanne toute noire et qui ne sait même pas relever sa robe sur ses chevilles ! »

Ces enfants s’aimaient entre elles, naïvement, en attendant l’heure d’être aimées des hommes. Elles vivaient ainsi sous les plafonds sculptés de leurs demeures, qui étaient des palais, et de leurs temples, à l’ombre des bosquets de myrtes, le long des ruisseaux clairs où des lys pourpres se reflétaient, recluses et gaies, toutes à Vénus, sans souci d’aucune autre joie.

Elles n’avaient d’ailleurs que mépris, un mépris mêlé de terreur, pour la foule aperçue dans les rues de la ville et sur le port à certains jours de fête : les marchands, les guerriers et les matelots, Grecs bien drapés, Éthiopiens couleur de bronze, Phrygiens aux mitres brodées, vêtus d’étoffes éclatantes.

Une nuit — mais, comme il faisait lune, cette nuit était plus claire qu’un jour — une nuit, sous le bras d’un dieu, palais et temples s’ébranlèrent. Des débris de statues, des tron-