Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

servé depuis, — un peu bohémiennes en amour par habitude et nécessité d’existence, admettent, sans bien en comprendre les motifs, la manie que nous avons, nous autres hommes, de vouloir être aimés seuls. Par conscience et point d’honneur, elle flattent cette manie, et mettent souvent plus de délicatesse à tromper que d’autres à être fidèles. Le cœur n’est-il pour rien dans cette comédie ? Qui pourrait l’affirmer ! Passons.

Donc, ainsi que je vous l’ai dit, Némorine n’avait guère qu’un défaut : son enragé besoin d’être battue.

Charmante autant que maîtresse peut l’être, toujours prête à tous mes caprices, qu’il s’agît de promenade ou d’Opéra, bien qu’elle eût en horreur la campagne et qu’elle ne comprit en fait de théâtre que les mélodrames du Château-d’Eau ! Seulement, une fois la semaine, — c’était le plus souvent au retour de ses visites à certaine mystérieuse grand’tante qui exploitait un fond de librairie-papeterie, très loin du côté des Lilas, — toujours il se trouvait un jour où surgissait une querelle, laquelle provoquée avec art, soutenue, nourrie, envenimée avec des raffinements d’étonnante mauvaise foi, finissait toujours par avoir son couronnement désiré.

— Vous battiez Némorine ? — Eh oui, je la battais, il le fallait bien : un