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inexplicable passion pour un petit monstre maigre et roux, revêche comme un paquet de cure-dents, qu’il appelait Louison et qui lui rendait la vie si dure. Un jour que je m’étais permis de le plaindre : — « De grâce, fit-il, je sais tout ce que tu vas me dire, mais telle qu’elle est, Louison me console d’un autre amour que j’ai au cœur !… » Je revis Boischenu plus tard, riche, marié, au comble de ses vœux, trompé même ! trompé dans sa sous-préfecture comme il l’avait rue Serpente jadis. Eh bien, au dîner qu’il m’offrit, tout épanoui dans sa joie, poussé par le bonheur au besoin de la confidence, il me cligna de l’œil et me dit à l’oreille : — « N’est-ce pas que ma femme est gentille et qu’elle a quelque chose de Louison ?… » Elle avait tout de Louison, certes ! et Louison avait tout d’elle !

C’est ainsi, l’imagination a de ces caprices, que la vue d’un carré de papier sur les volets clos est venue tout à coup me rappeler le souvenir d’un ami mort, avec sa théorie des fausses cousines. Désireux de me rendre utile à mon pays, je me permets de la confier, sans nulle ironie aux méditations des parents bourgeois, souvent durs à leurs rejetons et toujours prompts à s’effarer des plus moralisantes fredaines.