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elle retira son chapeau et, respectueusement, se salua.

Depuis, toujours lorsqu’elle entre au café, Marthe se salue ainsi, changeant pour une seconde — ce qui rend la caissière rêveuse — sa jolie tête de jeunesse folle en frimousse de garçonnet ; et cette pantomime trouvée par elle a toujours le même succès.

Car Marthe n’est point sotte et ne garde presque plus rien d’Azélie.

Marthe peu à peu se façonne et s’affine. Elle ne parle pas encore, non certes ! la pure langue de Bossuet ; et souvent sa conversation se colore d’un mot, d’un geste évidemment descendus des Buttes. Mais tout cela si gentiment, avec tant de grâce souriante, que vous le jugeriez fait exprès en marquise qui voudrait rire.

Maintenant, Marthe ne se refuse rien.

Oh ! rassurez-vous ! d’ici à quelque temps du moins, ses folies ne ruineront personne.

Marthe n’a envie que de choses humbles, des choses qu’elle a si longtemps et si vainement désirées quand, toute petite et s’appelant Azélie, elle courait, ses pieds pis que nus, dans les ruisseaux.

Le goût des diamants lui viendra plus tard. Pour le quart d’heure, ce qu’elle aime, ce qu’elle achète éperdument pour s’en parer avec le candide orgueil d’une reine océanienne, ce sont les bracelets de clinquant, les broches en verro-