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C’est alors qu’une diabolique providence, l’Enfer tout comme le Paradis a la sienne ! conduisit Azélie de « l’autre côté de l’eau ».

L’amie, pas beaucoup plus riche qu’elle, chez qui elle avait trouvé refuge, lui dit un beau jour : — « J’ai lu sur les murs que, du côté du boulevard d’Enfer, on demande des ouvrières gagnant peu pour travail facile. Il s’agirait, comme le jour de l’an approche, de mettre des marrons glacés en boîtes et en sacs. Nous pourrions toujours aller voir… »

Et, à pied, pour épargner la dernière pièce de dix sous qu’il leur restât, elles étaient allées voir boulevard d’Enfer, à l’adresse indiquée sur les murs. Il s’agissait bien réellement de mettre des marrons en boîtes et en sacs : malheureusement déjà toutes les places se trouvaient prises.

La nuit venait, le vent piquait, la neige tombait et recommencer le chemin leur semblait bien long maintenant, n’étant plus soutenues par l’espérance.

À l’entrée du pont Saint-Michel, devant la Seine aux eaux ternies où quelques glaçons se formaient, l’amie tout à coup s’écria :

— « Flûte ! il doit faire trop froid chez nous, ce n’est pas juste. Entrons dans une brasserie. Nous avons dix sous ; en buvant un bock à deux, nous pourrons donner deux sous au garçon, et il nous restera encore deux sous pour demain.