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prochain village… Il n’y avait rien à la maison pour le quart d’heure, rien ou presque rien ; du pain et des œufs… le tout bien frais, par exemple, car on avait cuit du matin et la poule coquetait encore au poulailler.

Célie essaya d’arrêter le bavardage de la vieille :

— « C’est pourtant bien vous, la mère Houdan ?

— Depuis soixante ans, pour vous servir.

— Mais alors, l’enseigne est changée ?

— Autrefois, au bon temps, du temps des diligences et des rouliers, des fourneaux flambants, des écuries pleines, des écus tintant dans les poches, des grelots sonnant dans les cours, la maison s’appelait le Logis de la Grosse Hôtesse. Puis, le chemin de fer est venu, nous apportant la misère. Mon pauvre homme, pour gagner sa vie, a repris l’état de cantonnier ; et, pendant qu’il rapetasse les grandes routes à la journée, moi je demeure ici, attendant les piétons qui passent. C’est pas toujours gens riches, vous pensez bien, et, comme l’enseigne effrayait leur bourse, ma fine ! on a repeint l’enseigne. »

Neuve, et plus rassurante, en effet, pour les pauvres diables qui alignent les kilomètres, toute leur fortune en gros sous dans le gousset, et tout leur équipage dans un mouchoir noué au bout du bâton, Henri et Célie purent