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son idée ? Il ne l’expliqua que plus tard. Mais, pour ne pas vous faire languir, je puis anticiper sur les événements et vous révéler tout de suite le secret de sa découverte.

Gourmand comme on l'est dans nos pays Anselme Estibalet était particulièrement grand amateur d’œufs à la coque. Il estimait l’œuf à la coque une nourriture idéale et le plus précieux présent que la nature nous ait octroyé. Malheureusement, soit ignorance, soit paresse, l’homme, d’après lui, avait jusqu’à nos jours négligé de perfectionner ce présent. « L’homme cultive les fruits, les légumes, il ne s’occupe pas des œufs. Depuis la création du monde, nous en sommes toujours à l’œuf sauvage. Et pourtant, même pour l’œuf, il y aurait quelque chose à faire !

Remarquez, continuait Estibalet, quel ennui c’est que de saler un œuf à la coque, de le saler exactement, juste à son point. Le sel dont on le saupoudre ne pénètre ni ne se dissout ; il s’attache en grumeaux au bout de la mouillette. Ceci est trop acre, le reste trop fade ; on recommence, on s’impatiente, et l’on se fait