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et j’en céderais volontiers quelques estagnons pour vous faire plaisir. »

Par malheur, l’huile de La Lézardière avait goût de fruit, et le Parisien s’obstine à n’aimer que des huiles épurées, insipides par conséquent. Estibalet, la mort dans l’âme, renonça. Il ne pouvait pas en vendant de l’huile épurée, de l’huile ayant perdu son goût de fruit, trahir la cause du Midi et déshonorer à tout jamais ses vieux oliviers dont les troncs rugueux, percés de cavernes, datent, dit-on, de la domination romaine.

Ces deux déconvenues, suivies d’un certain nombre d’autres, n’avaient pas laissé que de rabattre un peu les belles ardeurs d’Estibalet.

Mais, cette fois, ça y était : le défaut de la cuirasse trouvé, la tarasque et Paris sûrs de leur affaire !

« Vous voyez cet œuf, s’écriait Estibalet de l’air triomphant des grands inventeurs, vous voyez cet œuf, il est petit : eh bien ! avant trois mois j’en aurai fait sortir des charretées d’écus. »

Comment allait-il s’y prendre ? Quelle était