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— Chacun à Marseille vous le dira, j’en ai connu aussi, du temps que je naviguais, des anthropophages !

Et j’ai même sans le vouloir contribué à remettre en honneur cette condamnable façon de comprendre la gourmandise, chez des peuplades qui, pour des raisons ou pour d’autres, y avaient depuis longtemps renoncé.

J’étais jeune alors. Capitaine au long cours muni de mes brevets, les lauriers de Cook m’empêchaient de dormir, et, entre deux voyages pour le commerce aux Grandes Indes, à mes moments perdus, sur une goélette qui m’appartenait, je faisais volontiers des explorations en Océanie.

Tout comme un autre, tranquillement, de deux jours l’un, je découvrais mon petit archipel, et je le pointais sur la carte en lui donnant le nom d’un camarade du café Bodoul. Quoi de plus naturel, pour un marin, que d’immortaliser ceux qu’il aime ?

Voyages charmants ! C’était, chaque matin, à l’horizon, une nouvelle terre apparaissant au sein des flots, avec ses montagnes frai-