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— Vous possédiez une île, Casoar ?

— Je te crois, une île déserte qui me revenait par héritage. Mais malheureusement pour moi, celle-ci, quand j’y arrivai, se trouvait déjà bien peuplée ! »

Ces mots dits, Casoar parut vouloir se plonger quelques instants dans des méditations douloureuses et lointaines ; et, pendant qu’il prenait des forces, nous nous apprêtâmes à écouter Casoar.

— « Vous savez ou vous ne savez pas que notre grand-oncle de Marseille, bien connu au café Bodoul et tout le long de la Cannebière sous son sobriquet de l’Africain, nous laissa en mourant une fortune lentement et honorablement gagnée à arracher d’entre les mains de leurs tyrans naturels ces pauvres nègres des côtes de Guinée si malheureux dans leur pays, et à leur procurer pour le restant de leurs jours de bonnes petites positions, bien tranquilles et sans souci, chez les planteurs de canne à sucre.

Mon père mort à son tour, j’aurais pu vivre en bon bourgeois, m’organiser un cabanon,