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même au cabanon, les dimanches, le soleil leur semblait sans flamme, l’aïoli sans saveur et la bouillabaisse sans parfum.

Si bien qu’un matin le patron déclara que décidément il voulait faire le voyage.

— « Je peux bien m’absenter un mois ou deux. L’aîné, pendant ce temps, mènera la barque. Mille francs ne sont pas la mort d’un homme ; et je sens que je tomberais malade si je n’allais pas voir un peu de quoi il retourne à ce New-York ! »

Tout le monde approuva. D’ailleurs qu’on approuvât ou non, la chose importait peu à Patron Tréfume. Quand Patron Tréfume avait une idée dans la tête, il ne l’avait pas ailleurs, comme on dit.

Il fallait s’embarquer au Havre ; ce qui mit Patron Tréfume de méchante humeur, car il considéra comme volé l’argent du trajet en chemin de fer.

Mais la vue de la mer le rasséréna, bien qu’il trouvât la Manche un peu verte et qu’il ne s’expliquât pas très exactement à quoi pouvait servir cette invention des marées.