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sur la grève leurs cabanes, nous ne revînmes, Bernard et moi, qu’à la nuit tombante.

Fier et les poches pleines de sable, sans daigner cette fois me laisser séduire aux illuminations tentatrices de ses cafés, rêvant à mon gabian, je remontai la Canebière.

Par la fenêtre restée ouverte, comme sans doute le sable se faisait trop attendre, hélas ! le gabian s’était envolé.

Mais grâce au gabian, grâce à Valère Bernard, pour la première fois, Marseille m’avait permis de constater la réalité de son bord de mer.

Et, les yeux encore remplis de la vision bleue des Calanques, l’âme heureuse et les pieds meurtris, je m’endormis paisiblement, ayant pardonné au gabian sa fugue et ne regrettant pas ma journée.