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les avant-ports, les Pierres-Plates, les jetées, travaux cyclopéens de plusieurs lieues de long qu’admirent fort les étrangers. Mais le bord de mer, c’est au diable ! Peut-être qu’en allant par bateau jusqu’à Carri ou qu’en dépassant Montredon...

— Dépassons Montredon, allons par bateau jusqu’à Carri. Tout ce que je demande, c’est un bord de mer qui soit un bord de mer, mais un bord de mer vraiment nature, pas en pierre de taille ni en bétons agglomérés, un bord de mer enfin où les pieds s’enfoncent dans l’algue et où je puisse, pour mon gabian, me lester les poches d’un sable craquant, imprégné de sel, mêlé d’un peu de corail et reluisant de débris de coquillages. »

Les amis se taisaient.

Heureusement Valère parla, Valère Bernard, poète et peintre, qui, en cette double qualité, ose parfois quitter Marseille et ses trottoirs pour vivre dans l’intimité des flots, des rochers et des arbres.

Valère Bernard dit :

— « Je crois bien que j’ai votre affaire.