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un peu, je me dis : — Attention ! résumons-nous : depuis ces huit jours que tu flânes entre les Allées et le Port, qu’est-ce que t’ont montré tes amis ? D’abord, comme toujours, et naturellement ils t’ont montré la Canebière, puis encore la Canebière, y échelonnant leurs rendez-vous et se conjurant avec une astuce spéciale pour t’empêcher d’aller ailleurs, aux endroits jamais visités où le flot chante, où les pins frémissent... La vaste mer et ses rivages doivent pourtant exister quelque part, autour de Marseille. Je veux en avoir le cœur net.

J’interrogeai donc mes amis, le gabian me servant d’excuse :

— « Voici ! J’achetai un gabian et j’ai besoin, pour qu’il vive heureux, d’une livre ou deux de sable de mer. »

Ils se regardèrent effarés :

— « Du sable de mer ! Où veux-tu, farceur, qu’on en trouve ?

— Au bord de la mer, par exemple.

— Tu sais bien, voyons, qu’à Marseille il n’y a pas de bord de mer. Nous possédons