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Il restait la question du sable ; et c’est ici que l’achat, en apparence inconsidéré, de ce gabian, se révéla providentiel.

La vertu ici-bas est toujours plus ou moins récompensée.

En essayant de faire plaisir au gabian et de lui procurer du bon sable, j’ai pu, chose incroyable ! voir la mer à Marseille, la mer que je n’y avais jamais vue.

Car, et ceci sans ironie, la Canebière a tant de charmes, qu’à proprement parler le voyageur passant par Marseille ne peut connaître que la Canebière, La Canebière, quelquefois un peu de Prado...

Ceux, plus hardis, qui, à travers le dédale des vieux quartiers, poussent jusqu’aux terrasses de la Tourette d’où le panorama se déroule si magnifiquement sur le golfe immense et les îles, passent pour des explorateurs.

A Marseille, riche en merveilles, entre autres merveilles, on oublie la mer.

Dans une illumination subite, je m’aperçus de ce léger détail après trente ans. Et, vexé