Page:Arène - Le Midi bouge, 1895.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une pelle à vanner le blé la rame du divin Ulysse, comme j’ajoutais que, par conséquent, dans mon pays, l’eau salée est rare et qu’un gabian n’y vivrait pas :

— « Ayez pas peur ! s’écria-t-il, le gabian, au fond, aime autant l’eau douce que l’eau salée. Les premiers jours, ça le surprend peut-être un peu, mais tout de suite il s’habitue... Seulement, insinua le tentateur avec un accent de sincérité persuasive, seulement je vous conseille, pour que votre gabian ne se languisse pas, de lui emporter à tout hasard une petite provision de sable de mer. »

Ce dernier trait me décida.

Je voyais déjà le gabian installé à Sisteron, sur les toits, dans mon « miradou », près des poules et de la pie, avec un grand plat rempli d’eau claire et, renouvelé chaque jour, un petit tas de sable marin que, joyeusement, il gratterait.

J’adoptai donc le gabian ; puis, l’ayant payé et me dérobant non sans peine aux manifestations de la curiosité publique, je rentrai le déposer à mon hôtel.