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j’aimai toujours le peuple, et le patron a d’excellente absinthe. »

Il ajoutait encore :

— « Tous vos vins fins et vos coktails avaient fini par me brouiller l'estomac. Une goutte d’absinthe, une simple goutte, j’en suis certain, me remettra ! »

Comme il n’y avait pas moyen de l’en empêcher, nous nous résignâmes à le laisser faire ; et Quatrécus, par amour du peuple et de la science, s’administra une purée dont l’opacité faisait frémir et qu’il déclara délicieuse, tandis que, prudents, Marins et moi nous répandions nos verres sur le plancher.

— « Et maintenant, partons.

— Partons !... » répondit Quatrécus avec un air raisonnable qui nous étonna.

Mais au moment de se dresser, Quatrécus éclata de rire :

— « Ce qui m’arrive est fort comique : figurez-vous que je n’ai plus de jambes. Mon cerveau est libre, j’y vois clair, je lirais sans me tromper d’un clou une inscription même excessivement cunéiforme ; mais des jambes ?