Page:Arène - Le Midi bouge, 1895.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plaine la présence de ces étranges promeneurs.

— Que pensez- vous, brigadier ?

— Qu’il faut se coucher en tirailleurs, observer et attendre.

Ils n’attendirent pas longtemps. Presque sous leurs pieds, au bas de l’escarpement formé par le bord extrême du plateau, soudain la lanterne luisit et le tambour sonna

— En avant ! cria le brigadier.

— En avant ! répéta le garde.

Prêts à prendre leur élan, ils se dressèrent. Mais au même moment, derrière eux, la lune, apparaissant par-dessus les collines, étendit sur tout le plateau sa blanche nappe de lumière ; et deux gigantesques ombres portées. Tune coiffée d’un simple képi, l’autre d’un tricorne en bataille, s’allongèrent démesurément dans la direction de la plaine restée obscure, comme si les deux représentants de l'autorité, grandis soudain de plusieurs coudées, se fussent étalés à plat, face contre terre.

Les fantômes avaient-ils entendu les voix