Page:Arène - Le Midi bouge, 1895.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Utiles gardiens des traditions patriarcales, ils descendent sans doute, ces voleurs ingénus et doux, du grand ancêtre Charavany que, tout enfant, on me montra aveugle et presque centenaire et pareil, certes ! au vieux Nestor avec son auréole de cheveux blancs, alors qu’après plus de soixante ans d’un joyeux et continuel brigandage, ayant fatigué les prisons, il vivait honorable au village natal, d’une modeste rente que lui faisait l’administration.

Car chaque village autrefois avait ainsi un ou deux voleurs en titre, gais moissonneurs de blé de lune, doux aux pauvres, galants pour les filles, qui, sans jamais faire de mal, se bornaient ainsi qu’ils disaient à redresser et mettre en lieu sûr les objets qu’on laissait traîner.

Les meilleurs fils du monde, à part cela.

Quelques rares spécimens en subsistent encore.

Un jour d’hiver, il n’y a pas longtemps, je rencontrai Tiphaine, c’était le voleur de chez nous, manches retroussées, nu jus-