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Les yeux de Capiscol étincelaient, sa voix était frémissante ; puis subitement radouci, il ajouta :

— « Si nous faisions un petit tour à l’établissement du brave Tastavin ?... Je me sens moisir ici, il n’y vient que des réactionnaires ! »

La proposition ne m’étonna point, car les cafetiers méridionaux aisément ennuyés, de la vie d’intérieur et craignant toujours, comme on dit, que le plafond croule sur leur tête, délèguent volontiers le soin des affaires à la femme pour aller aux heures perdues exercer chez un concurrent l’agréable état de consommateur.

Quand nous fûmes installés sous la tente de Tastavin, entre des vases verts d’Anduze où verdoyaient des fusains et des lauriers-roses, Capiscol commanda une bouteille de bière avec un siphon de limonade gazeuse mélange classique ! et après avoir trinqué, souriant, il continua :

— « Oh ! oui, qu’il l’a échappé belle, le gros Bériquet... Figurez-vous que je le croyais un ami et que depuis plus de dix ans, gueusard !