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turban pour exercer sans trop d’ennui mon commerce d’épicerie en gros dans un des petits ports de la côte barbaresque.

Gentil pays, quoique un peu sec. De bons voisins, une vie aimable.

Les jours ouvriers je me tenais au Souk, au marché si vous aimez mieux, assis jambes pendantes sur le devant de ma boutique. Je causais aux acheteurs, aux acheteuses aussi, offrant de temps en temps, suivant la coutume de l’endroit, du café à la cassonade, dans des tasses pas plus grosses qu’une coquille d’œuf de pigeon, que présentait un jeune nègre. Avec ma belle dalmatique rose brodée de rose, mes deux gilets bleus, mes babouches jaunes, et ma barbe qu’à cette époque j’avais blanche, au milieu de mes pommes d’amour, de mes nougats, de mes sacs de poivre et de mes pastèques, vous m’auriez pris pour le Grand Turc.

Le dimanche, qui, par parenthèse, tombe là-bas le samedi, accompagné de mes douze femmes, deux par deux sur six bourriquets, on s’en allait sous les palmiers, au bord de