crible, quelques poules se promenaient, mélancoliques, l’œil éteint, la plume malade, et si obsidionalement décharnées que je songeai tout de suite à la centenaire et fantomatique poule au pot, sur laquelle Théodore de Banville a écrit un merveilleux poème de cinquante vers, qui vaut à lui seul une épopée.
De quelles infernales drogues Estibalet nourrissait-il donc ses poules !
Inquiet, je lui demandai :
— Au moins elles pondent ?
— Des œufs superbes ! Nous allons en juger à table.
A table on nous servit des œufs à la coque et des mouillettes. Anselme rayonnait, m’observant :
— Hein ! quel fin goût de sel ? Comme c’est compris, mesuré. Ah ! j’ai eu du mal à trouver la dose !
Il se régalait, le brave homme, trouvant ses œufs salés, sans doute par imagination. Moi, pour ne pas l’endolorir, j'essayais de les avaler sans grimace. Car la vérité m’oblige à dire qu’ils n’étaient pas salés du tout !