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la première neige.

LE MOINEAU DE CAMPAGNE, se posant sur le toit.

Bonsoir, messieurs, et la compagnie…

LES MOINEAUX.

Quelle tournure, bon Dieu !!! Ce doit être quelqu’un de province.

LE MOINEAU DE CAMPAGNE, timidement,

J’arrive de Verrière-le-Pont… j’ai froid !

PREMIER MOINEAU.

Approchez, mon brave, on se serrera pour vous faire place. (Le moineau de campagne hésite.) Mais approchez donc, sacrebleu ! les cheminées n’ont pas été inventées pour les gardiens. Mettez-vous comme nous, commodément, le bec en dehors, la queue dans le tuyau… Ça y est…

LE MOINEAU DE CAMPAGNE.

Oh !… il fait bon ici ! (il secoue ses plumes avec volupté.) Oh ! mes amis… mes bons amis… Quelle désolation dans la campagne ! Un pied de neige partout… De loin en loin, quelques brins d’herbe montrent le nez, mais on ne dîne pas avec des brins d’herbe… Les haies disparaissent sous la neige, les buissons ont l’air de meules blanches. Plus de mûres, plus de baies, plus de prunelles, plus rien… Les oiseaux meurent comme des mouches.

LES MOINEAUX, attendris.

Pauvres gens !