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du grand saint antoine.

en le respirant, une rapide et tentatrice vision de quartiers de porc rôtissant à la broche et inondant d’un jus doré des brins


d’herbe, plantés en quinconce dans la chair, qui grillent et se recroquevillent. Ma plante, ma modeste petite plante, c’était la sauge chère aux cuisinières, et sa friande odeur n’évoquait plus désormais dans mon âme que des images de ripaille et de cochon rôti.

Honteux de moi-même, j’arrachai ma sauge et donnai mes truffes toutes à la fois, dans une écuelle, à Barrabas, qui s’en régala.

Mais je ne devais pas être quitte à si bon marché. La sauge arrachée, les truffes jetées, mes tentations pourtant persistèrent. Elles revinrent même plus fréquentes, plus irrésistibles, à mesure que la Noël approchait. Mettez-vous à ma place : avec un estomac robuste encore et maigrement nourri depuis des années de légumes sans sel arrosés d’eau claire, ce que je voyais passer au pied de mon roc, sur le grand chemin qui mène à la ville, était bien fait pour damner un plus saint que moi. Quelle procession, mes amis ! Les gens de l’endroit, fidèles chrétiens, préparaient leur réveillon huit jours à l’avance, et c’étaient, du