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le peintre et la pie.

Enfin, il rentra, mouillé, moulu, mais surexcité, brûlant de fièvre.

Le jardin était paisible. Pomponnés de flocons de neige, pommiers et rosiers semblaient fleuris, et des rayons blancs, tamisés au hasard des branches, luisaient tout ronds sur les sentiers. Mais M. Senez ne vit rien de tout cela. Un meurtrier marchant à son crime ne s’arrête pas aux menues curiosités du paysage.

M. Senez alla droit à l’atelier, ouvrit d’une main tremblante, et se dirigea en tâtonnant vers le coin où se trouvait un buste que la pie avait adopté pour perchoir.


« Margot ! Margot ! »


Il espérait que Margot viendrait à sa voix et que le forfait pourrait se perpétrer dans l’ombre.

Margot ne vint point.

M. Senez alluma la lampe et vit que Margot n’y était pas. Le vent amoncelant la neige à l’endroit où la pente du toit s’appuie au mur, avait obstrué une petite ouverture ménagée pour que la pie se promenât de l’atelier au jardin, librement.

M. Senez respira :

« La pauvre bête n’aura pas pu rentrer et sera morte de froid. C’est un crime que la Providence m’épargne. »