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XIII

fuite de blanquet

Ce fut un singulier voyage ! Tout le long du chemin les gens riaient. Que voulez-vous ? on n’est pas accoutumé, maintenant, de voir un garçonnet en costume romantique, justaucorps rouge et chapeau pointu, trotter ainsi à la conquête de Paris, sur un âne gris, avec un sac de figues sèches pour valise. Mais nous laissions bien les gens rire et n’en trottions que de meilleur cœur.

Blanquet, il faut le dire, avait le trot aigu et l’échine maigre ; pour changer un peu, de temps en temps, je m’accompagnais avec des rouliers : ils me laissaient monter dans leurs carrioles, et Blanquet leur rendait cela en donnant un coup de collier à l’occasion. C’était exquis ! Une fois seulement, du côté de Dijon, la maréchaussée nous arrêta, trompée, j’imagine, par l’étrangeté de mon équipage ; et nous eûmes la honte, toute une longue après-midi, de nous voir conduits, Blanquet et moi, entre deux gendarmes, comme de vulgaires malfaiteurs. A part cela, pas la