Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée
70
LA GUEUSE PARFUMÉE

que venez-vous faire sur mon balcon, à pareille heure ?

— Ne vous l’ai-je pas dit ? je viens vous embrasser.

— Exprès pour cela ! Vous auriez pu attendre jusqu’à demain, Jean-des-Figues ?

— Attendre jusqu’à demain ! mais vous ne savez pas… m’écriai-je ; et me précipitant à ses pieds sur un genou, en héros de drame, je lui fis un récit pathétique de ma rencontre avec Roset, et du baiser que j’avais pris, et de l’étrange fièvre qui me tenait encore.

Mademoiselle Reine écouta tout cela sans avoir l’air de bien comprendre. Elle finit pourtant par me dire :

— Cette Roset n’est qu’une effrontée, je l’ai vue vous parler à l’oreille et j’ai grand’peur que vous l’aimiez.

— Aimer Roset ! Dieu m’est témoin…

— Pourtant, ce baiser ?…

— Hélas ! Reine, n’est ce pas vos joues que je cherchais sur ses joues ? Les amoureux, vous le savez, s’en prennent quelquefois aux arbres et aux fleurs. Moi, j’ai baisé Roset par amour pour vous comme j’aurais fait d’une rose !

— Alors, Jean-des-Figues, embrassez -moi, dit Reine, convaincue par mes détestables sophismes.

J’allais cueillir enfin le baiser désiré, la magique