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JEAN-DES-FIGUES.

Je la voyais, j’entendais son petit pas et le bruit léger de sa robe ; alors il me sembla que la maison, joyeuse tout à coup, s’était mise à briller comme les étoiles, et chantait dans la nuit plus doucement que les grillons et les rossignols.

Je m’avançai jusque sous le balcon.

— Oh ! monsieur Jean, que venez-vous faire ici ?

— Vous embrasser, mademoiselle.

Reine éclata de rire à ma réponse. Puis, voyant que je tentais sérieusement l’escalade :

— Mon Dieu ! murmura-t-elle, et Roset qui peut nous voir !

A ce nom de Roset, mon émotion fut si forte que je lâchai le balcon, où je m’accrochais déjà.

— Prenez garde ! s’écria Reine en tendant la main pour me retenir.

Mais il était bien temps de prendre garde. J’avais glissé sur la grille et les buissons de fer qui défendent la fenêtre basse du rez-de-chaussée, et j’entendais les aboiements furieux de Vortex, le chien de ferme, qui accourait furieux au bruit de ma chute. Je n’eus que le temps de regrimper sur le balcon auprès de Reine toute tremblante.

Je devais être superbe à voir ainsi au clair de lune, pâle, sans chapeau, les habits en pièces et saignant quelque peu de la main droite qu’une pointe de la grille avait égratignée. Reine était ravie.

— C’est comme dans Roméo ! disait-elle. Et