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LA GUEUSE PARFUMÉE


dailler d’acajou avec ses innombrables petits tiroirs et ses rangées d’anneaux de cuivre, la bibliothèque avec les cuirs fauves et les dorures des vieux livres, et sur la corniche une armée de statuettes en plâtre tirées on ne sait d’où et représentant des gens qui se tordaient dans tous les supplices du monde, depuis le faux Smerdis précipité vivant dans une tour remplie de cendres, jusqu’à la veille des légats avignonnais et jusqu’au petit fief héréditaire de la famille des Sanson.

— Et que faites-vous, monsieur Jean-des-Figues ? me demandait maître Cabridens.

— Je fais des vers, répondais-je en baissant les yeux.

— Des vers ? c’est un agréable passe-temps ; moi, je joue quelquefois de la flûte. Mais il vous faudra choisir une carrière, on se doit à la société…

Je fis hommage de la pièce à maître Cabridens ; mademoiselle Reine me remercia d’un sourire. Et quand je m’en allai, maître Cabridens m’accompagnant : — Nous partons pour Palestine dans quelques jours, à cause des vers à soie. Venez donc nous surprendre, un de ces lundis, nous dînerons et, je vous ferai part, au dessert, du mémoire que je vais écrire touchant notre pièce… J’en tiens déjà le plan… Eh ! eh !… c’est toute notre histoire à refaire. Tant pis pour La Plane !… Allons, à revoir, monsieur Jean-des-Figues !

Du haut du ciel, cousin Mitre se frottait les mains.