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LA GUEUSE PARFUMÉE.

avait pu faire entendre… Mais non, la vertu de madame Cabridens était, pour mon malheur, à l’abri de tout soupçon.

Fallait-il donc mentir par respect de la vérité physiologique ? imprimer que mademoiselle Reine, ma Reine si jolie ! était laide, ou, d’un mensonge plus audacieux encore, soutenir que M. Cabridens était l’arbitre des élégances et madame Cabridens belle comme les amours ?

Je préférais, certes, laisser là le récit de mes aventures, et peut-être le récit que vous lisez serait-il resté en chemin comme mes œuvres latines et les sonnets du cousin Mitre, si un petit fait que j’avais à peine remarqué autrefois, me revenant un jour à la mémoire, n’eût illuminé tout à coup d’une vive clarté le mystère qui causait mon désespoir.

La vertu de madame Cabridens, nous l’avons dit et nous ne saurions nous en dédire, était à l’abri de tout soupçon. Non ! jamais féminine infidélité ne raya d’une barre de bâtardise les panonceaux de l’étude Cabridens. Mais les infidélités à peine conscientes de l’esprit, les amours buissonnières de l’imagination, qui donc pourrait répondre d’elles ? Or, précisément, je venais de me rappeler… (pardonnez-moi, ô mademoiselle Reine ! d’entre-bâiller ainsi d’une main peu discrète la porte de la chambre où vous êtes née ; mon pauvre cœur d’amoureux en saigne, mais la physiologie a ses tristes nécessités. D’ailleurs, n’ai-je pas