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LA GUEUSE PARFUMÉE.

Mais ce n’était pas Brin-de-Bouleau que Trébaste et Miravail ramenaient. Brin-de-Bouleau, dans la petite crique toute frissonnante de tamaris et toute embaumée de fenouils, Brin-de-Bouleau avait causé avec Cyprienne, et Cyprienne l’avait trouvée charmante.

Brin-de-Bouleau avait dit à Cyprienne :

— Mariez-vous avec Fabien, ça m’est égal si je dois garder Saint-Aygous.

Puis elle avait ajouté :

— Les demoiselles comme vous, mademoiselle, en veulent à celles comme moi ; on pourrait pourtant s’arranger ; vous aimeriez les gens d’esprit et nous laisseriez les imbéciles.

Brave Brin-de-Bouleau ! À ce moment évadée de Saint-Honorat, elle posait son petit talon nu sur le sable de la Croisette ; Saint-Aygous, aussi ingénieux que volage, lui ayant trouvé un moyen de quitter l’Ile sinon à pied, du moins sans mal de mer.

Brin-de-Bouleau avait revêtu un caleçon, Saint-Aygous s’était embarqué sur le bateau ravi par Cyprienne, et, lui ramant, Brin-de-Bouleau remorquée, et pareille à Vénus dans le remous blanc laissé par la barque, tous deux venaient d’arriver à Cannes, terre civilisée où les cafés ne manquent pas.

Trébaste, du haut du Singe-Rouge, voulait raconter tout cela.

— Chut ! dit Fabien, je me marie.

Puis, sans attendre des explications qu’il craignait,