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LA GUEUSE PARFUMÉE.


moins Fabien, en se présentant sur la terrasse du Bigorneau.

— Vive la Castagnore ! répondit la foule, lorsqu’elle aperçut les capitaines, radieux dans l’ombre dorée que projetait la courge en fleur.

Escragnol et Varangod enlevèrent la toile goudronnée qui cachait la Castagnore aux regards du soleil antibois, et sa coque apparut, luisante et peinte comme le petit poisson bigarré qui porte le nom de Castagnore. Arluc et Barbe réconciliés se mirent tous deux au cabestan.

Le capitaine Lancelevée, brandissant sa béquille ainsi qu’un sabre, écarta la foule du plan incliné garni de rails en bois sur lequel allait glisser la Castagnore avant de plonger son avant dans les flots éclaboussés.

On se montrait les capitaines : — C’est Arluc, Barbe, Varangod, c’est Escragnol, c’est Lancelevée… il manque Saint-Aygous, on ne voit pas mademoiselle Cyprienne… et les femmes disaient en regardant Fabien :

— En voilà un qui doit bien ramer. Il a navigué partout, il paraît que c’est un pirate ! Le pirate était triste et regardait les rames avec quelque mélancolie.

— Au cabestan, tonnerre ! s’écria Lancelevée.

Les poulies grincèrent, les cordes se tendirent, et la Castagnore cria.