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LE CANOT DES SIX CAPITAINES.


par un bout, si petit qu’il fût, à la terre ferme :

— « Trébaste et Miravail contaient des farces, on devait toujours pouvoir s’en aller d’une île à pied sec. »

Possédée de son idée fixe, Brin-de-Bouleau, ce matin-là précisément, était sortie seule de très-bonne heure, pour mettre à exécution un projet qu’elle avait combiné pendant la nuit. Projet simple et qui consistait en ceci : — Faire à pied tout le tour de l'île, tandis que le romancier et le musicien seraient en mer ; trouver le passage, et, le passage une fois trouvé, rappeler Fabien de son lieu d’exil, lui pardonner, et partir avec lui pour un endroit où l’on s’amuse.

Toute réjouie de cet espoir, Brin-de-Bouleau s’en allait, en grand costume comme toujours, ses cheveux blonds à l’air et l’ourlet de sa robe traînant le long des grèves, quand tout à coup, au tournant de la pointe où les corailleurs avaient débarqué, elle aperçut Saint-Aygous dans sa pose désespérée.

— Un homme ! s’écria-t-elle toute surprise.

— Une cocotte ! soupira Saint-Aygous délicieusement ému.

Car Saint-Aygous avait vu souvent sur la route qui va de Cannes à Nice, rouler, dans les petits paniers surmontés d’un parasol à franges qui sont les fiacres de là-bas, des demoiselles en tout point pareilles à Brin-de-Bouleau, et leur mignonne tournure,