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LE CANOT DES SIX CAPITAINES.

— Il y en a encore, conclut l’autre.

Saint-Aygous ne protesta point et leur laissa croire que c’étaient des Turcs. Il avait pourtant vaguement reconnu, par un trou du sac qui l’empaquetait, Trébaste et Miravail, les deux pirates compagnons de Fabien ; il avait vaguement entendu, à travers le bâillon qui lui serrait les oreilles, la lecture d’un ordre d’exil sur l’îlot de la Fournigue pour crime de désertion et de lèse-piraterie, ordre signé Brin-de-Bouleau, reine d’un tas d’îles.

Saint-Aygous n’y comprenait rien. Mais l’enlèvevement, on le devine, était le résultat d’une erreur. C’est le volage Fabien que les deux pirates croyaient ficeler lorsqu’ils ficelaient Saint-Aygous.

Faisons remarquer, dans l’intérêt de la vraisemblance, que ceci se passait la nuit ; que Saint-Aygous, fortement encapuchonné par crainte du serein, était méconnaissable, et que, voyant un homme sur la grève du Bigorneau peindre la Castagnore à la lumière d’une lanterne, tout le monde eût pris cet homme pour Fabien. Ajoutons, en outre, que Miravail et Trébaste étant, l’un romancier, l’autre musicien, rien n’empêche de croire qu’ils se fussent préparés à leur haut fait par quelques libations, ainsi qu’ont coutume de le faire, pour toute entreprise importante, les membres de ces deux estimables corporations.

Saint-Aygous, préoccupé de l’idée des courses, eût