un par un à leurs occupations habituelles, et le phoque lui-même, fatigué sans doute de se tenir sur ses pattes de derrière et de faire avec ses pattes de devant des gestes désespérés et incompris, avait disparu dans un petit creux sombre que les rochers garantissaient des flèches d’or du soleil.
Mademoiselle Cyprienne ramait toujours sur sa petite barque volée.
Mais quelque diligence qu’elle y mît, quelque ardeur que l’amour lui prêtât, la digne fille de Lancelevée ne devait pas arriver première à la Fournigue.
Deux corailleurs en train de mettre à la voile pour aller traîner leurs filets sur les récifs qui sont au large, deux corailleurs du Croton, race cupide et sans respect pour les innocents amphibies, avaient fait le projet sournois de s’emparer du phoque en passant, afin de l’éduquer et de le montrer dans les foires.
Mademoiselle Cyprienne démarrait à peine qu’ils étaient déjà près de l’îlot :
— Vois-tu la bête ?
— Je la vois…
— Et que fait-elle ?
— Creze qué pesco.
Le phoque pêchait en effet : accroupi derrière un roc qui le rachait à moitié, le phoque péchait des arapèdes, il les détachait une par une, avec un couteau. Les corailleurs suivaient ses mouvements d’après