Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/342

Cette page n’a pas encore été corrigée
332
LA GUEUSE PARFUMÉE.

tagnore partir, était déjà au Bigorneau debout sur le toit, et hissant dans la fraîche brise du malin, une flamme rouge frissonnante qui voulait dire : — Êtes-vous prêts ? signal d’appel auquelles petits mâts blanc d’argent, surmontés d’une antenne noire dont les membres du cercle avaient hérissé les toits d’Antibes, répondirent soudain en arborant une petite flamme bleue qui signifiait : — Prêts, nous le sommes ; Escragnol n’a pas sa goutte, Varangod fut sage, les blessures d’Arluc et de Barbe vont bien, l’équipage est là, on peut parer la Castagnore !

Le mât de Saint-Aygous ne répondit rien. Mais dans l’éblouissement de sa joie et de l’aurore, Lancelevée ne songea pas à s’en apercevoir. Varangod, Arluc et Barbe seuls l’inquiétaient. Il était sûr de Saint-Aygous.

Vers les sept heures, au moment où, les donneurs d’aubade partis, mademoiselle Cyprienne, le cœur gros à cause de sa vision de la nuit, essuyait la table et rangeait les verres, le capitaine Varangod passa. Il revenait de faire sa promenade matinale au golfe Juan, de l’autre côté du cap.

— Vous ne savez pas, mademoiselle Cyprienne ? Le phoque est revenu.

— Quel phoque ?

— Le phoque du rocher de la Fournigue.

— Ah !… répondit mademoiselle Cyprienne en laissant aller sa pensée ailleurs.

— Ils disent que c’est un phoque, reprit le capi-