Page:Arène - La gueuse parfumée - récits provençaux, 1907.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée
24
LA GUEUSE PARFUMÉE.

C’était, dans un fouillis de vieux journaux et de manuscrits inachevés :

Une pipe turque et sa blague,
Trois romans et cinq volumes de poésie,
Un miroir à main,
Un pistolet,
Une lime à ongles,
Un gant mignon qui sentait l’ambre,
Une liasse de lettres d’amour,
Un portrait de femme dans une pantoufle,
Et un oiseau-mouche empaillé !

De tout le jour, je ne quittai pas mes trésors, lisant les journaux, feuilletant les livres, dénouant, que l’ombre de Mitre me pardonne ! le ruban fané qui retenait les lettres d’amour ; regardant, pour échapper à l’émotion, le miroir à main, le pistolet et la pipe, symboles d’une vie d’aventures et de poésie ; puis revenant aux lettres d’amour, au gant, à la pantoufle, à la dame. Il n’était pas jusqu’au petit oiseau bleu et or, dont la présence au milieu de ces bagatelles parfumées ne m’attendrît. Je lui devinais là je ne sais quelle signification amoureusement et douloureusement ironique.

J’appris en une heure, ce matin, des secrets que la vie aurait mis quelques bonnes années à m’apprendre, et j’y laissai, ou peu s’en faut, le grain de raison qui me restait. Quoi ! il y avait au monde d’autres poëtes qu’Horace et Virgile ? La poésie