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LE CANOT DES SIX CAPITAINES.


avaient donné leur nom au bateau. Travaux importants, indispensables préparatifs, que tout le monde avait oubliés dans les événements de ces trois jours et que Saint-Aygous, sans rien en dire à personne, voulut exécuter seul à la dernière heure.

Tandis qu’il travaillait ainsi, couvert d’une vareuse à capuchon et sous une lanterne, mademoiselle Cyprienne, que ses chagrins d’amour empêchaient de dormir, regardait à travers les rideaux de sa chambre à coucher, cette ombre qui se mouvait sur la grève et cette lumière qui tremblait.

— C’est Fabien, se disait-elle, et ses pensées s’envolaient, amoureuses et tristes, vers l’ombre mouvante et la petite lumière.

Tout à coup, elle crut voir, sur la surface chatoyante de la mer, dans le poudroiement blanc du clair de lune, une voile blanche qui glissait. Puis la voile tomba, et la pointe d’un bateau toucha le sable. Deux hommes sautent à terre : un cri, la lumière éteinte, puis un corps enveloppé qu’on emporte ! La voile se relève et le bateau disparaît.

— Brin-de-Bouleau ! soupira Cyprienne glacée de terreur, c’est la cruelle Brin-de-Bouleau avec ses pirates du Singe-Rouge qui vient de m’enlever Fabien. Fabien, à cette heure, dormait, il faisait même un gracieux rêve ; il rêvait naufrages et gros temps, il rêvait qu’un coup de mer enlevait le Bigorneau, que le feu du ciel incendiait la Castagnore, que les