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XIV

enlèvement nocturne

Malgré tout, Saint-Aygous ne désarma point. Trois jours lui restaient, trois jours, presque un siècle ! Ne pouvait-il pas en trois jours réparer le mal fait par Fabien, calmer les gouttes, assouplir les rhumatismes, cicatriser les blessures nouvelles, panser les anciennes qui s’étaient rouvertes, et mettre sur pied pour l’heure voulue tout l’équipage endommagé ?

Oh ! ce fut une belle lutte et dont se souviendront longtemps les cafetiers et les pharmaciens d’Antibesl D’un côté, le peintre poussant, au risque de causer leur mort, nos quatre chers infirmes à la débauche ; prodiguant les bocks, les mazagrans, les petits verres, s’élevant même jusqu’au Champagne et au punch aux œufs ; excitant Barbe contre Arluc, faisant respirer à Escragnol le parfum d’idéales langoustes, et parlant sans cesse, parlant toujours à Varangod de cette belle Touzelle, si belle, malgré son âge, avec sa grande bouche riante et bien meublée, et ses cheveux roux, lourds comme l’or.