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LA GUEUSE PARFUMÉE.

— Ce ne serait rien, une simple fraîcheur, l’affaire d’une semaine au plus…

— Mais, malheureux, une semaine ! et nous sommes à quatre jours des courses.

— En effet, capitaine, je ne songeais pas à cela… Oui !… décidément… il y a un sort jeté.

Puis, souriant avec malice et comme éclairé d’une inspiration soudaine, Saint-Aygous ajouta :

— Capitaine, une idée ! — Laquelle, Saint-Aygous ?

— Tout peut s’arranger encore, puisque vous mariez votre fille…

— Comment ! je marie ma fille ?

— Mais sans doute, avec M. Fabien.

— En effet, avec M. Fabien… oui, c’est cela, je marie Cyprienne, répéta le capitaine qui, dans la première émotion de son rhumatisme, avait parfaitement oublié les événements de la nuit, je marie Cyprienne avec Fabien, après ?

— Fabien est marin ?

— Comme la mer. Parbleu, un pirate !

— Qui vous empêche, provisoirement, de le mettre à votre place ?

— Et nos règlements, Saint-Aygous ?

— Nos règlements interdisent notre bord aux étrangers. Mais Fabien n’est plus étranger, Fabien est de votre famille.

— Embrasse-moi, Saint-Aygous. Tu me sauves l’honneur.