J’eus besoin, moi, de deux coups de marteau. J’avais reçu le premier bien jeune ; mais le ciel, dans sa bienveillance, m’en tenait un second réservé.
Ah ! Blanquet !… Ah ! cousin Mitre !…
Je ne saurais maintenant séparer votre souvenir ; car toi, Blanquet, tu commenças l’œuvre en remuant l’oreille au soleil, et vous, Mitre, vous l’achevâtes, le jour où, servant, sans le savoir, les desseins que les dieux avaient sur moi, il vous plut d’abandonner au fond d’un galetas votre malle maudite et bénie !
Elle était dans la maison, cette malle, l’objet d’une religieuse terreur. Toujours inquiétante, toujours fermée, on l’avait reléguée au plus-haut, sous les combles, pêle-mêle avec les buffets vermoulus, les tableaux sans cadre et les vieux fauteuils hors d’usage. C’était la malle du pauvre Mitre… Quant au pauvre Mitre, que nous nommions toujours ainsi suivant le touchant usage adopté pour les morts, c’était le pauvre Mitre, voilà tout. Il était mort jeune, il avait dû faire des sottises, on ne parlait de lui et de sa malle qu’avec des airs mystérieux.
Qu’y avait-il donc dans cette malle ? Je restais quelquefois des heures à la regarder, partagé entre le désir de savoir et la crainte. Un matin, pourtant, je l’ouvris — on m’avait laissé seul à la maison, — je l’ouvris, le cœur palpitant et la main tremblante… Que de choses, grands dieux, j’y trouvai !